La Forêt Noire


Univers de la campagne : Fear and Hunger

Système de jeu : d20

MJ : Ted.Soulard

Nombre de joueurs : 3

Rythme :

Intense (1 post par jour)

Exigence :

Théatre (la description prime, il faudra faire des efforts)

Un chevalier défiguré par un bec de lièvre se dissimule à moitié sous sa cape sans aucun blason pour compter avidement les gains de sa dernière partie de dés truqués. Une mégère échevelée quitte une demeure bourgeoise après avoir vendu à la maîtresse de maison stérile une potion pour s'assurer qu'elle mette au monde un enfant déformé. Une prostituée lycanthrope choisit son client du soir parmi les miliciens, en sachant qu'elle n'aura pas écarter ses cuisses pour lui et qu'il fera office de repas du soir. A la limite du marché, un âne aux flancs ensanglanté par les coups de cravaches de son maîtres ne renonce pas à discuter d'égalité des classes et de répartition des richesses, pas même quand le paysan qui le possède lui ouvre une oreille en deux d'un coup de canif, pour le faire taire.

Perchée sur le colombage saillant d'une maison à murs blancs, une pie bavarde regarde un nain difforme mais aux mains agiles détrousser une bourgeoise en perruque et robe à armature, sans qu'elle ne s'en doute le moins du monde. L'oiseau rie, l'âne braie, le chevalier errant au bec de lièvre cache sa bourse dans sa botte. Au pilori de la grand place, un chanoine gras en robe mauve meurt doucement et paisible de soif, condamné là pour avoir été surpris avec une fée dans le confessionnal.

Les maisons blanches à colombage et à toits de tuiles rouges sont séparées de la Forêt Noire  par l'enceinte de la ville et par une malheureuse centaine de mètres. La nuit, la porte unique de l'enceinte est fermée et gardée. Et les parapets sont éclairés de torches pour rappeller aux choses de la forêt de ne pas trop s'approcher. Ce matin, la Wesser qui traverse la ville n'a été souillé que du corps de deux innocents et d'un Nain usurier, avec des taux d'intérêt trop haut pour avoir une chance de survivre. Le travail de la Milice s'est borné à repécher les corps et à les jeter dans le puit de la fosse commune.

Sur le seuil de la riche maison du Bürgermeister, une petite orpheline a terminé de balayer la grande salle de marbre gravée des titres honorifiques que portent le maître des lieux. Désormais, la fillette  va s'agenouiller pour frotter la pierre afin de la faire reluire, alors que les odeurs de pains chauds, de bretzel et de saucisses aux baies emplissent l'air. Jugeant à sa maigreur qu'elle doit mourir de faim malgré sa place dans une maison bourgeoise, un jeune homme s'arrête et lui tends une pomme. Laide, ridé et petite.

Les enfants échangent un sourire sincère au milieu de l'effervescence matinale qui règne déjà sur Préhévil.

En dehors des murs de pierre la cité, le monde et à feu et à sang. La terre est ravagée par des maux et des plaies aussi nombreux que les vices de l'humanité. Les nations sont déchirées par les guerres et les pays dévastés par les conflits. Des villages entiers sont fauchés par la famine. On dit même que les morts marchent dans certaines contrées. Les airs au dessus des villes sont corrompues par des mannes et des miasmes  mauvaises. La Pestilence est la plus puissante souveraine couronnée du monde, comptant parmis ses sujets des millions d'hommes et de femmes. Quelques petits seigneurs et barons  avides et esclaves de leurs vices, assis sur des trônes de mensonges et de trahisons, convoitent toujours plus de pouvoir et de richesses, indifférents aux souffrances de ceux qu'ils gouvernent.

Il demeurent pourtant un espoir.

Une inspiration sous la forme d'un ancien conte.  Connu de tout les gens de Bohême, qu'ils soient jeune ou vieux, homme ou femme, paysans ou bourgeois, il est dans tout les esprits et sur toutes les lèvres. On le chante, le murmure, le couche sur du papiers ou des tablettes de cire. Tout le monde pourrait réciter au mot prêt l'histoire du Vieux-Coeur, parfois appelé Chênecoeur. Comment cet arbre qui est l'origine de la Forêt Noire et occupe son centre porte sur ses branches des fruits capables d'exaucer les voeux de celui qui les mangent. Les ignorants disent que se serait un don de la forêt, laissé là pour les hommes. Les érudits pensent qu'il s'agit d'un pépin du Fruit Originel, tombé depuis L'Éden sur Terre quand la pomme fut croqué.

Et puis il y a vous.

Vous êtes un errant, un fugitif, un pestiféré, un malade ou un pauvre hère assez désespéré pour tenter cette quête.  Un difforme chassé par votre famille. Un hermaphrodite échappé d'un bordel. Peut-être un dément ivre d'espoir et de folie. Un vieux obsédé par la mort qui refuse de renoncer à la vie. Oui, il y a vous. Assez  déterminé ou désespéré pour tout risquer et vous engager sous les frondaisons des arbres de la Forêt Noire. Là où les oiseaux se repaissent de chair humaine. Où les biches chassent comme des loups. A l'endroit même où les arbres bougent et les ronces sont empoisonnées.

Vous ne doutez pas de trouver le Chênecoeur... mais que demanderez-vous en croquant dans ses fruits ?

Participants

ANON
Summer McMillan
Tartaouine

Messages au fil du temps, par mois